3 questions à Philippe Cuvelette

Édito
Prévenir les conduites addictives dans l’environnement professionnel

Comment une collectivité peut-elle prévenir des risques lors de l’organisation d’un festival ?
Extrait de “La revue des collectivités locales” (N°454 Juillet-Aout 2014)

Toute collectivité reste un employeur, et un organisateur dans ce cas. Et comme tout employeur, couplé de plus à la situation d’organisateur, elle a l’obligation d’être dans une démarche réglementaire de prévention des risques professionnels et de gestion/management de la sécurité des tiers (public). Certes, la pluralité des interlocuteurs liée à l’organisation d’un festival rend complexes la partition et l’organisation des responsabilités. C’est sûrement la difficulté aujourd’hui. Le Festival n’est pas plus à stigmatiser, en termes de risques, qu’une construction BTP. Il s’agit d’un parcours sensible et porteur d’enjeux : délais – coûts – qualité.

Comme tout projet il faudra beaucoup communiquer pour définir le «livrable », soit ce festival et ce qu’on en attend (forme et fond). Un grand nombre de préfectures ont réalisé des guides à destination des protagonistes (maire, organisateur…).

Ces documents agissent en termes de cadres (check liste) et sont très intéressants pour toutes les parties prenantes. Ensuite la réglementation applicable, qui est née de l’accidentologie, transmet les principes généraux, les bases de réflexion, la genèse des responsabilités et des obligations, ainsi que les outils dédiés.

Quels sont les principaux risques auxquelles elle peut être confrontée ?

En ce qui me concerne, la première famille de risques est celle inhérente à un manque de temps dédié à l’organisation, l’anticipation, la préparation et l’intégration au « groupe de travail » de toutes les parties prenantes. Le reste du travail reste quasi scientifique, technique, et guidé en mettant en oeuvre les outils réglementaires dédiés.

Quels conseils donneriez-vous ?

L’intégration du domaine de la prévention des risques dans ces organisations est non négociable. Un manque de culture et de compétences dans ce domaine n’est pas acceptable (la formation des personnels est un élément de réponse), comme, dans l’autre sens, une mauvaise application de la réglementation (exagérément stricte sans démarche d’analyse de risques spécifiques) n’est pas judicieuse. Le risque naît de la situation de danger, il faudra donc autour de la table des compétences avérées et pertinentes.

La sollicitation des autorités en termes de conseils est aussi à appréhender, sans oublier la posture judicieuse des organisateurs, soit servir les artistes, le spectacle. Souvent le coût de la sécurité est évoqué comme problème. Ce n’est pas la mise en place de la prévention des risques qui coûte chère, mais la réparation aux victimes.

En espérant que l’incident ou le dommage sur l’humain soit réparable.

Prendre grand soin de sa propre organisation, c’est déjà être dans une démarche de prévention des risques. Notre pire ennemi est bien le temps dédié à ce moment de préparation car le temps passe inexorablement et rapproche les organisateurs de l’heure ou « le rideau devra s’ouvrir ».

 

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